MenCare

MenCare Suisse est un programme national pour la promotion de l’engagement des pères et de la participation des hommes au domaine des soins en général. Par son orientation participative, le programme vise un effet durable et une profonde mutation des valeurs.

Qu’est-ce que le programme national MenCare Suisse?

Lancement du programme national MenCare en Suisse (Conférence de presse 2016) et en Suisse romande  (Vernissage de l’exposition « Papas en Suisse » et débat « Petite enfance en Suisse : où sont les hommes ? » du 2 octobre 2017).

MenCare Suisse est un programme national lancé par männer.ch en coopération avec l’Institut Suisse pour les questions d’Hommes et de genre (ISHG). La mise en pratique se fait en collaboration avec un grand nombre d’institutions partenaires, d’entreprises, et d’organisations s’engageant en faveur de la protection des familles, des femmes et des enfants. Cela est possible grâce au soutien d’importantes fondations, de la Confédération et des cantons.  

MenCare est une campagne globale qui renforce la présence des pères et des hommes dans le domaine des soins. Portée par l’organisation Promundo et soutenue par la Fondation OAK, elle est déjà active dans 35 pays sur cinq continents. Sa mission: utiliser l’implication quotidienne des pères comme facteur de protection contre la violence familiale.

En 2013, männer.ch , en tant qu’association faîtière des organisations d’hommes et de pères au niveau fédéral, a été chargé par la Fondation OAK d’introduire la campagne en Suisse, en collaboration avec le nouvel Institut Suisse pour les questions d’Hommes et de genre (ISHG). L’approche de MenCare a été adaptée à la Suisse grâce au travail de ces deux organisations, reconnues d’utilité publique, et ce en accord avec les autorités fédérales. De nombreuses organisations s’engageant pour la protection de la famille et de l’enfant, ainsi que pour les droits des femmes sont également associées à ce programme national de MenCare Suisse.

L’objectif: MenCare Suisse a pour but d’amorcer une mutation des valeurs, visant un plus grand engagement des jeunes, des hommes et des pères dans le domaine du soin en général. MenCare apporte ainsi une contribution essentielle à la protection, la sécurité, la croissance et le développement des enfants et des jeunes.

Sa vision: une société où il est perçu comme une évidence que les hommes prennent leurs responsabilités et s’occupent des enfants, des relations et également d’eux-mêmes; une société dans laquelle la participation des hommes au domaine des soins contribue de manière décisive à des rapports de genre équitables et à la réalisation d’une justice sociale.

Pourquoi a-t-on besoin de MenCare Suisse?

Pour l’égalité des genres

La Constitution fédérale de la Confédération suisse (Art. 8 al.3) précise clairement:  » L’homme et la femme sont égaux en droit. La loi pourvoit à l’égalité de droit et de fait, en particulier dans les domaines de la famille, de la formation et du travail. L’homme et la femme ont droit à un salaire égal pour un travail de valeur égale ». Cet objectif est encore loin d’être atteint.

Chaque année, en Suisse, on comptabilise 16 milliards d’heures de travail effectuées, dont environs la moitié (8,7 milliards) ne sont pas rémunérées. Les hommes et les femmes travaillent un nombre d’heures à peu près égales: la charge de travail global des parents suisses ne se définit donc pas en fonction du sexe du parent, mais de l’âge des enfants. En effet, les parents avec des enfants en bas âge ont globalement une charge de travail supérieure.

La répartition du travail non rémunéré entre les sexes reste inégale: les mères suisses consacrent en moyenne 20,5 heures par semaine à la garde des enfants, les pères 13 heures par semaine. Les femmes investissent en moyennes 10,7 heures par semaine pour la prise en charge d’adultes, les hommes 7,6 heures par semaine. L’écart se creuse également dans le domaine des professions liées aux soins.

Du côté masculin se dessine un champ de tension. On observe des changements de plus en plus visibles. Ainsi, par exemple, le père suisse moyen s’engage 2,5 heures de plus par semaine pour les enfants et le ménage qu’il y a 10 ans (Office fédéral de la statistique, 2009). Par contre, il n’a pas réduit son temps de travail rémunéré. Aujourd’hui, 89 pères sur 100 qui ont des enfants en bas âge travaillent à plein temps (en 2000: 94%) (ibid.). En même temps, 90 hommes sur 100 souhaitent réduire leur temps de travail et sont prêts à accepter une baisse de salaire (Meier-Schatz 2011).

Pour l’instant, la répartition du travail rémunéré entre les genres reste inégale: les hommes fournissent une part beaucoup plus importante du travail rémunéré que les femmes. Cette disparité est plus grande en Suisse que partout ailleurs en Europe (Scambor 2012, p. 45).

Pour la protection et le développement de l’enfant

Selon les données statistiques suisses de 2009, 22% des filles et 8% des garçons sont victimes d’abus sexuels impliquant un contact physique avant l’âge de 15 ans (Averdijk 2012). La présence quotidienne des pères représente un facteur de protection à double titre. Premièrement, la probabilité d’un comportement violent de la part des pères est à mettre en corrélation avec un manque d’engagement dans son rôle paternel. Deuxièmement, une relation forte avec le père rend l’enfant plus fort: les enfants ayant un père présent sont socialement plus compétents, ont plus de succès à l’école, sont plus robustes psychiquement et sont moins sujets à la dépression, aux doutes et aux angoisses. En outre, les fils ayant eu un père engagé dans son éducation deviennent plus rarement délinquants et abandonnent plus rarement leurs études.

En Suisse comme dans d’autres pays, la Fondation OAK soutient le programme MenCare dans le domaine stratégique et essentiel de la protection de l’enfant contre les abus. La réflexion à la base de cet engagement: l’idée selon laquelle la violence et les abus sexuels commis par les pères supposent une « objectivation » de la distance face à la victime de l’abus. La présence du père au foyer crée une proximité, qui empêche justement cette prise de distance.

Pour la sécurité de la famille

41,9 % des mariages en Suisse finissent par un divorce (Office fédéral de la statistique, 2014); dans les villes, les chiffres montent au-delà de 50%. Chez près de 40 % des couples divorcés, la relation père-enfant se perd au cours des 3 premières années qui suivent le divorce; dans l’ensemble, 35% des relations père-enfant perdent leur régularité (Tazi-Preve 2007).

Dans la vie familiale, le paternal involvement [engagement du père] a un double effet de protection: d’une part, la répartition égalitaire des tâches entre les parents renforce la stabilité dans la famille. En effet, cela diminue la probabilité de séparation ou de divorce et, dans le cas où ceux-ci surviennent toutefois, cela augmente la probabilité d’une réorganisation coopérative du système familial (Bürgisser 2006). D’autre part, un lien étroit entre le père et l’enfant avant la séparation ou le divorce augmente la probabilité d’une relation durable et stable entre le père et l’enfant après la séparation ou le divorce (Ballnik et al. 2005).

Pour le développement de la vie professionnelle des mères

Plus les pères sont présents pendant et après la naissance, plus ils développent un lien étroit avec le bébé et prennent ainsi plus activement part à l’éducation de l’enfant. Les hommes ayant bénéficié d’un plus long congé paternité développent dans l’ensemble un rapport à la famille plus fort. Les pères qui s’engagent dès la naissance sont des pères significativement plus présents dans l’année qui suit (présence mesurée au nombre de fois où les pères se lèvent la nuit pour calmer l’enfant). Personne ne s’étonnera donc que cet engagement de leur partenaire s’avère payant pour les femmes: les mères ayant un père engagé à leurs côtés réussissent sensiblement mieux à concilier vie famille et professionnelle. Elles ont ainsi de meilleures perspectives de carrière et de salaire. En résumé: l’engagement des pères est la meilleures assurance pour éviter que le piège de la tradition ne se referme sur les familles et que l’écart des salaires désavantageant les femmes ne se creuse au moment de fonder une famille.

Pour la santé et le bien-être des hommes

Du point de vue social et épidémiologique, il existe des différences énormes liées au genre. L’espérance de vie des hommes se situe nettement au-dessous de celle des femmes. Actuellement, les 4,3 ans de moins d’espérance de vie des hommes (BfS 2013) sont corrélés au style de vie « masculin », plus risqué. On observe par exemple un taux de mortalité supérieur à la moyenne chez les jeunes hommes, lequel est lié aux accidents, suicides et actes de violence. Des différences nettes liées au genre sont par ailleurs observables au niveau européen, en particulier au niveau des maladies cardiaques, du cancer (notamment cancer du poumon) et les maladies du foie (European Commission 2011).

De leur côté, des études internationales montrent que les hommes qui s’engagent dans la famille et la garde des enfants ont une espérance de vie plus élevée, souffrent moins de maladies psychiques et profitent d’une diminution des risques de maladies cardio-vasculaires.

Quel impact doit avoir MenCare?

MenCare se met au service d’un engagement accru des hommes dans le domaine des soins ainsi que d’une répartition équitable du travail rémunéré et non rémunéré entre les hommes et les femmes. Pour que ce changement ait lieu, nous avons besoin d’un débat sur les valeurs et d’un changement dans celles-ci. C’est cela que MenCare Suisse souhaite susciter.

Partager équitablement toutes les charges et les ressources entre les genres signifie partager la responsabilité du travail rémunéré et non rémunéré à parts égales entre les hommes et les femmes. Si l’on n’adopte pas une explication exclusivement biologique de la tendance des femmes à assumer les tâches liées à la garde et aux soins – point de vue qu’on ne peut décemment plus défendre aujourd’hui – alors il n’y a pas d’autre voie possible que celle de la répartition équitable.

Commennt y parvenir? En encourageant le travail rémunéré des femmes et le travail des hommes dans le domaine des soins. Le premier point, à savoir l’approvisionnement du marché du travail par les ressources humaines féminines, est déjà pris en charge par l’appareil étatique dans le cadre de son initiative contre la pénurie de personnel qualifié. Le mouvement complémentaire nécessaire – permettre et encourager davantage le travail des hommes dans le domaine de la garde et des soins – est par contre complètement occulté. C’est sur ce point que MenCare prend le relais.

L’analyse de MenCare est basée sur le modèle d’une redistribution du travail rémunéré et non rémunéré entre les hommes et les femmes. Sa stratégie est fondée sur un modèle d’impact.

Quels sont les sous-projet et modules à la base de l’action de MenCare Suisse?

MenCare est une campagne globale qui renforce la présence des pères et des hommes dans le domaine des soins. En tant qu’association faîtière pour les organisations d’hommes et de pères au niveau fédéral, männer.ch introduit aujourd’hui cette campagne en Suisse. Lors du lancement de celle-ci, le 30 mai 2016, 22 sous-projets chapeautés par le programme national MenCare Suisse sont déjà en place. La vision de MenCare: une société où il est perçu comme une évidence que les hommes prennent leur responsabilité et s’occupent des enfants, des relations et également d’eux-mêmes; une société dans laquelle la participation des hommes au domaine des soins contribue de manière décisive à des rapports de genre équitables et à la réalisation d’une justice sociale.

Pour plus d’informations, veuillez consulter le document à télécharger.

Comment MenCare Suisse définit-il le travail dans le domaine des soins?

MenCare utilise le concept du soin au sens large du terme. L’encouragement d’un engagement accru des pères dans la garde et l’éducation des enfants est au centre de l’action de l’association. Au niveau conceptuel, nous nous appuyons aussi sur un modèle qui, outre le travail rémunéré et la garde des enfants, définit sept autres facettes des caring masculinities.

MenCare s’appuie sur le terme et le concept de caring masculinities. Il s’agit d’un concept spécifique, qui désigne simultanément une stratégie de politique d’égalité des genres et une option de l’identité individuelle. MenCare se réfère au terme scientifique de caring masculinities. La question scientifique et politique au centre du débat est la suivante: quelle politique peut et doit créer quelles conditions-cadres afin de favoriser et donc d’augmenter l’engagement des hommes dans le domaine du soin à la personne. Le but de ce positionnement est de contribuer à une répartition équitable du travail rémunéré et du travail non rémunéré.  La notion de caring masculinities recouvre plusieurs champs: l’intégration des hommes dans la garde et la prise en charge des enfants, leur participation aux travaux domestiques, leur engagement professionnel dans les métiers des soins, la prise en charge de parents malades, leur engagement bénévole dans la communauté, l’église ou les associations, et enfin le soin qu’ils prennent d’eux-mêmes. Le sujet ne se limite pas à une politique pour l’égalité entre les hommes et les femmes. Il aborde également les politiques du marché du travail, de la santé, de la famille, de l’éducation et les politiques sociales. Il invite également à une discussion sur le potentiel d’une politics of caring masculinities (politique pour un masculinité concernée) comme solution face aux défis politiques et sociaux au-delà des questions d’égalité des genres.

Sur le plan conceptuel, nous nous appuyons, pour la définition des caring masculinities, sur un modèle qui distingue neuf dimensions (Theunert 2016): les soins dispensés sur le plan matériel, les apports professionnel dans le domaine des soins, le soin de soi, le soin de la nature/de l’environnement, les apports dans le domaine des soins pour la communauté/ travail de volontariat, le soin de tierces personnes, la prise en charge de proches, la prise en charge des enfants, le soutien apporté au foyer. Le fondement commun de ces dimensions est de considérer que les hommes peuvent se positionner comme responsables et concernés, et qu’ils sont compétents pour le faire.

Qui finance MenCare Suisse?

Le budget de Mencare Suisse comprend la somme totale de CHF 1’872’000.-pour les années 2015 à 2017. L’essentiel du financement (environ CHF 1’000’000.-) provient de quatre grandes fondations donatrices (la Fondation OAK, la Société Suisse d’Utilité Publique, la Fondation Mercator Suisse, la Jacobs Foundation ). Par leur soutien à différents sous-projets, la Confédération et les cantons offrent une contribution à hauteur de CHF 300’000.- en tout. Les donateurs et organisations partenaires contribuent à hauteur du même montant. Les sponsors du programme sont également la Banque Coop, le Kampagnenforum et l’entreprise Kampaweb.

Le programme national et les sous-projets de MenCare Suisse ont pu être mis en place grâce au soutien de:

la Fondation OAK
la Société Suisse d’Utilité Publique
la Fondation Mercator Suisse
la Jacobs Foundation
Promotion Santé Suisse (fond d’innovation)
Le fond de loterie des cantons de ZürichBasel-Stadt et SchaffhausenlaLoterie Romande (LORO)
l’Office fédéral des assurances sociales
l’Office fédéral de l’égalité entre femmes et hommes
la Banque Coop (Sponsor)
Kampaweb (Sponsor)
Kampagnenforum (Sponsor)

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