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Le projet
Sur la base de l’expérience combinée de Pro Junior et de MenCare Suisse romande, qui vont mandater la Haute école de travail social Fribourg pour l’accompagnement scientifique du projet, il s’agit de conceptualiser, implémenter et évaluer une intervention sociale élargie pour un nouveau public, basée sur une prestation qui fonctionne (camps mères-enfants).
L’offre est complémentaire et diversifie les prestations fournies par MenCare en appui aux pères. Le projet de séjour permet l’intégration des enfants dans le programme sous une forme résidentielle. Plus largement, ce projet s’inscrit dans une visée de prévention de la santé (burn-out parental) et de la violence domestique et la promotion de la bientraitance et de la protection des enfants. En prenant appui sur un partenariat entre trois institutions disposant de compétences complémentaires et en faisant appel à des méthodologies participatives, il s’inscrit dans une logique d’innovation sociale qui, d’une part entend impliquer les acteurs concernés qui contribueront au développement du projet et à sa capitalisation (soutien à l’empowerment individuel, collectif voire organisationnel) et d’autre part, permettra de réaliser un projet qui se développera et se diversifiera tant du point de vue des publics que des lieux où la nouvelle prestation s’étendra et prendra racine. En effet, le modèle de séjour élaboré à travers ce projet-pilote et son accompagnement scientifique devrait pouvoir être reproduit de façon pérenne dans le canton de Fribourg, voire implémenté dans d’autres cantons par d’autres acteurs susceptibles de le reprendre.
Pourquoi des séjours pour les pères solos ?
La situation des familles monoparentales – familles dans lesquelles un seul parent (mère-solo ou père-solo) a la charge principale des enfants et du travail – est un sujet toujours plus préoccupant. Il y avait en Suisse en 2013 environ 1 million de ménages avec au minimum un enfant de moins de 25 ans (OFS 2015). Parmi ces ménages figuraient des couples mariés et non mariés avec enfant(s), ainsi que des familles monoparentales avec enfant(s) dont 26’300 pères vivant seuls avec au moins un enfant et 126’700 mères vivant seules avec au moins un enfant (OFS 2016). En 2015 plus de 218’000 familles monoparentales ont été recensées en Suisse, dont 65’000 en Suisse romande, et la tendance est à la hausse (OFS 2017). Depuis 1970, le nombre de familles monoparentales a doublé.
Ces parents rencontrent des difficultés qui sont bien documentées, surtout pour ce qui concerne les mères. En Suisse, une famille monoparentale sur six est touchée par la pauvreté, soit deux fois plus souvent que le reste de la population. Elles représentent près de 20% des cas de l’aide sociale. De plus en plus d’enfants grandissent dans une famille monoparentale – généralement avec leurs mères – avec des problèmes spécifiques tels que difficulté de concilier la prise en charge des enfants et la vie professionnelle, manque d’argent (malgré une planification stricte du budget), manque de temps pour suivre des formations continue… («Alleinerziehende und Armut in der Schweiz », une étude mandatée par Caritas Suisse à – IZFG – Université de Bern, 2015 in site web Caritas Suisse, 26.3.2019).
La précarité laisse des traces: les mères et les pères qui élèvent leurs enfants sans l’aide de l’autre parent sont soumis à un stress qui peut engendrer de l’anxiété, de la dépression, des problèmes de santé. Ils n’ont souvent pas le temps de se détendre (IZFG – Université de Bern, 2015).
Quelle réponse à cette évolution ?
Pro Junior Fribourg organise depuis 15 ans des camps mères-enfants pendant les vacances d’été qui ont pour objectifs de permettre aux mères-solos de se ressourcer tout en enrichissant leurs compétences en matière d’éducation. Un intérêt croissant exprimé par des pères pour de tel camps pour pères s’est manifesté ces dernières années.
Les constats de MenCare Suisse renforcent la nécessité d’une offre ciblée pour les pères. Son expérience de plus de 15 ans de développement de projets d’accompagnement des hommes révèle que des difficultés liées à des rôles de genre masculins intériorisés (virilité, injonction à la domination) existent et peuvent notamment rendre plus difficile l’exercice de la paternité (importante charge mentale, gestion des stéréotypes de genre, handicaps de compétences en matière de relations interpersonelles, de recherche soutien, de selfcare, etc.). Allant dans le même sens, un récent sondage sur la paternité réalisé auprès de 2000 pères québécois (Rapport du Regroupement québécois pour la valorisation de la parternité, 2019) révèle que si ces derniers se déclarent très satisfaits de leur expérience en lien avec la paternité et qu’ils y accordent beaucoup d’importance, 53% d’entre eux estiment que l’implication des pères n’est pas valorisée au même titre que celle de la mère. Le sondage révèle en outre que différentes situations particulières peuvent affecter négativement l’expérience de la paternité, la séparation du couple parental étant le plus souvent citée. Les pères s’estiment généralement compétents, mais ils revendiquent une meilleure reconnaissance de leur rôle et estiment pouvoir apporter une approche distinctive de celle de la mère.
Or, le fait qu’ils ne sont pas aussi nombreux que les mères et que l’éducation des enfants est encore aujourd’hui principalement attribuée aux mères a pour conséquence que leurs besoins spécifiques ne sont pas encore documentés précisément et qu’il existe peu de mesures d’accompagnement qui leur sont spécifiquement destinées. Par ailleurs, les besoins spécifiques en lien avec le contexte et la situation particulière des papas-solos sont peu connus. Enfin, les enfants peuvent eux aussi être prétérités par les difficultés vécues par leurs pères: en raison du manque d’argent, ils n’ont pas toujours accès à l’encouragement précoce, ce qui peut consituter un frein à leur développement. Très souvent, les familles monoparentales ne peuvent pas s’offrir de vacances ni activités de loisirs nécessaires à l’enfant (IZFG – Université de Bern, 2015). Une offre de camps pères-enfants est offerte par Reka en Suisse-allemande (Väter-Kinder-Wochen), mais aucune offre de ce type n’existe en Suisse-romande.
Une offre de Séjour Pères-enfants en Suisse-romande, fondée sur une étude des expériences existantes et des besoins spécifiques de ces pères-solos, permettra de combler ces lacunes à la fois sur le plan des connaissances et de l’intervention sociale. C’est pourquoi nous proposons un projet-pilote de camps sur un cycle thématique de 3 ans pour permettre aux mêmes pères d’y participer plusieurs fois le cas échéant et qui puisse apporter à la fois un répit et des compétences utiles et ciblées pour ces pères et leurs enfants. Ce projet repose sur un partenariat entre les expertises complémentaires de Pro Juventute Fribourg, MenCare Suisse romande avec un accompagnement scientifique de la HES-SO – Haute école de travail social de Fribourg dans le travail d’expertise thématique concernant la parentalité et méthodologique concernant la recherche-action et l’évaluation.
Etapes du lancement des séjours pères-enfant en Suisse romande
Mai 2020 – Octobre 2020
1. Etudier les besoins spécifiques des pères solos : vous trouvez ici le rapport complet et le résumé du rapport réalisé par la HETS-Fribourg. Si vous préférez voir une vidéo, la chercheuse, la Prof. Annamaria Colombo, vous en expose les éléments saillants ici :
- Identifier les connaissances existantes à partir d’une revue de littérature
- Déterminer les profils des participants à l’étude de besoins (pères et professionnel.le.s) et la stratégie de recrutement
- Recruter les pères et réaliser les entretiens
- Recruter et réaliser les entretiens avec les professionnel.l.e.s
- Analyser les données récoltées et, en les croisant avec la littérature, identifier les accompagnements attendus par les pères et fixer les modalités et thématiques à aborder dans les trois séjours
Novembre-décembre 2020
2. Concevoir le programme du séjour :
- Sur la base des résultats de l’étude, identifier les trois thématiques du premier cycle de camps
- Constituer les contenus et le programme concret
Août-décembre 2020
3. Organiser et réaliser le 1er séjour :
- Recruter les participants
- Coordonner et gérer l’administration et la logistique du séjour
- Mettre en œuvre des ateliers et animations, pour les pères et les enfants
- Coordonner les équipes d’intervenant.e.s
Janvier-février 2021
4. Evaluer, ajuster le programme du 2ème séjour :
- Evaluer le 1er camp à partir d’une évaluation sommative et appréciative : recueillir les appréciations des pères, enfants, intervenants et animateurs
- Analyser les données récoltées et formuler des recommandations pour ajuster le 2e camp
- Adapter les contenus et le programme
Le modèle du séjour sera élaboré à travers ce projet-pilote et son accompagnement scientifique devrait pouvoir implémenté dans d’autres cantons par d’autres acteurs susceptibles de le reprendre.
Financement du projet
Le financement n’a pas encore abouti entièrement. Plus de la moitié a été obtenue via 5 bailleurs de fonds. Le comité de direction a décidé début 2020 de lancer le projet mais il continue à chercher des donateurs ou partenaires intéressés à y participer pour financer le 3ème camps prévu en 2023.