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L’Homme domine-t-il vraiment le monde ?

Dans l’interview donnée à la plateforme Collaboratio helvetica du 11 mars 2020 : Why men need to emancipate inwards, j’aborde succinctement la question du dépassement par les hommes de l’éducation genrée masculine qu’ils ont reçue. Les injonctions archétypales de nos sociétés sont internalisées par les individus qui, de ce fait, ne les remettent en question qu’une fois leur santé ou leur vie mise en danger. Cela est vrai pour les hommes qui pensent réellement, de par leur statut, pouvoir prendre le contrôle sur les autres hommes, les femmes, les enfants, eux-mêmes (corps, coeur et mental), les animaux, la nature… et même le cosmos.

Cette vision du monde basée sur le principe dominant.e/dominé.e repose sur un levier fondamental : le rapport de pouvoir. Or, ce paradigme impose un.e perdant.e. En ce sens, les jeux de société sont éclairants : combien de jeux visent à élire un.e unique vainqueur.e et à ne faire, in fine, que des perdant.e.s car le.la gagnante se retrouvera souvent isolé.e… L’humain, si intelligent, n’est-il pas capable de faire gagner tout le monde ?

On ne se construit pas en tant qu’être humain en dénigrant les autres. On se construit en prenant son courage à deux mains pour aller visiter ses failles, ses vulnérabilités intimes qui sont autant de richesses. En ce sens, les hommes doivent sortir de la « mission » qui leur a été assignée (dominer la sphère extérieure et publique qu’ils ont bâtie) et changer le sens de la démarche et pas seulement la direction : s’émanciper vers leur sphère intérieure, personnelle et intime d’être humain.

Changer de sens, de l’extérieur vers l’intérieur, pour donner un sens à son existence.

C’est toute l’action du Programme MenCare Suisse. Men et Care, des hommes et de l’attention. A eux-mêmes d’abord, aux autres ensuite. Car la démarche débute dans le profond de chacun, dans l’humilité et l’introspection, dans l’écoute de ses ressentis et expériences. Ce travail débouchera sur des effets de résonnances plus fréquents dans le vécu de son entourage, de ses proches. Rentrer en soi pour mieux s’ouvrir à l’autre.

Un moment favorable, hormis les situations de crise (chômage, burn out, séparation du couple, etc.) est celui de la paternité. Les futurs pères trouvent là un temps propice pour se familiariser avec les activités de care qu’ils n’auront pratiquées jusque là que fort modestement dans nos sociétés qui ont imposé une séparation des tâches entre les sexes. En s’ouvrant à cette dimension du care, de l’attention à l’autre par amour, responsabilité et souci d’entrer en relationnalité avec leur enfant, ils découvrent une nouvelle palette de leur identité et de leur personnalité. Ils apprennent à se connaître, encore un peu plus.

Grâce à la paternité impliquée, les dimensions extérieure de la sphère publique et professionnelle et intérieure de la famille et de la parentalité apprennent à mieux cohabiter. Les racines progressent plus profondément dans la terre pour mieux équilibrer l’arbre de vie et lui permettre de se rapprocher du ciel… sans pour autant prétendre en devenir le propriétaire.

Coordinateur MenCare Suisse romande | crettenand@maenner.ch

Gilles Crettenand est responsable du programme MenCare en Suisse romande. Il développe un plan d'action en lien avec la stratégie MenCare Suisse avec les partenaires et personnes intéressés et concernés par la thématique.

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